Cher A.
Déjà hier les particules de mon âme qui avaient été agités sont tombés. Le calme après le choc d’il y a neuf jours. Un choc d’être bloquée, enfermée en France, dans mon appartement alors que tout est là. Ce matin un froid d’hiver est de retour, cette fois-ci je ne m’arrête pas à l’entrée des bureaux vide depuis une semaine pour danser, entrée que les enfants se sont appropriés alors que depuis que je vis en France il est rare d’avoir vu des dessins pour jouer à la Marelle sur les trottoirs de Paris. En Allemand ce jeu s’appelle “Himmel und Hölle”, ciel et enfer … Je continue ma course le long de la rue clé des champs, aujourd’hui beaucoup moins de colère m’habite et j’ai moins envie danser comme avant. Pas inspirée. Sur les marches en face de l’étang une femme emmitouflée, prend son petit déjeuner et partage des morceaux de pains avec les canards. La communication à l’ère du confinement. Réconnection avec l’animal. En parallèle le vent souffle sur le gravier est crée un nuage de sable qui me fait penser au désert d’Islande que j’ai traversée en 2010 avec l’équipe de sauvetage du village. Dommage que durant ces trois jours en 4x4 le beau temps n’était pas au rendez-vous. On y voyait pas grand chose, beaucoup de brouillard, parfois à rouler à 1km/h au dessus des rochers ou une rivière. Je continue ma course danse qui doit sembler folle de l’extérieur mais je prends cette liberté de me mouvoir comme je le sens. L’espace public devient ma Marelle “ Mein Himmel und Meine Hölle”, mon ciel et mon enfer. Presque toutes les chansons sur mon téléphone qui passent alors qu’en mode aléatoire renvoient d’une manière ou d’une autre à la situation. Un arc en ciel d’émotions qui passent. Je caresse les roseaux et l’émotion m’envahit un instant, deux. Un, deux. Sur la fin de mon parcours un père aide sa fille à marcher sur un petit muret comme une fildefériste, de loin je fais pareil et me glisse doucement dans l’entrée de mon immeuble.